Prendre le temps de réfléchir. Aller à l’intérieur de moi-même.
Peut-être plus longtemps qu’à l’habitude.
J’ai beaucoup écrit sur la solidarité et la compassion, sur l’attention à l’autre, sur la chaîne humaine.
Si au-delà de l’altruisme, de la sollicitude, se nichait un miroir? Si l’autre finalement me ressemblait encore plus que dans mes pires rêveries? Si je dépendais de lui, d’elle, je découlais de lui, tellement qu’il me faudrait passer par elle pour m’atteindre? Me sauver, aller outre l’arrêt dont je parlais hier.

Si mon reflet dans le rétroviseur me renvoyait une image qui n’est pas la mienne mais qui me ressemble  comme une jumelle?
Si je prenais soin de cette autre, qui à son tour prendrait soin de sa voisine, de son voisin?

Je vis un entracte dans mon existence  qui à l’ordinaire demeure affolée.
Je deviens celle qui s’angoisse de mon destin ralenti, totalement freiné.

Prendre le temps de réfléchir. Aller à l’intérieur de moi-même.
Dans mon miroir, les reflets s’accumulent. Ils sont nombreux, je n’avais pas remarqué.

Si je les rejoins pour cheminer avec eux, ma destinée changera.
Enrichi des autres, elle grandira.

Dans mon miroir, je saurai tendre les bras.