HASSAN ET SA FILLE…
Il l’a prise sur lui, dans ce sac si blanc, si blanc
Il murmure son regret, son remords, son repentir
Il lui parle d’amour presque jusqu’à en mourir
Nayla, sa jolie fille, longue de ses huit ans…
Les roches forment un curieux abri.
Blanches et grises, elles étaient pourtant jolies
Quand ordonnées, elles s’élevaient en maisons
Hassan le redit sans cesse en chanson…
Appuyé sur elles, accroupi, il rêve
Encerclant ses genoux, ses bras crispés tremblent
Et il se berce, depuis des jours, sans trêve
Les yeux ouverts, le cœur ouvert, Hassan tremble…
Il l’a prise sur lui, dans ce sac si blanc, si blanc
Il murmure son regret, son remords, son repentir
Il lui parle d’amour presque jusqu’à en mourir
Nayla, sa jolie fille, longue de ses huit ans…
Il ne comprend pas ce que sa bouche gémit
Il ne se souvient pas de ce que les gens ont dit
Il entend les chefs parler de se défendre
Il entend tous les guerriers hurler et pourfendre
Les petits corps tapis dans une maternelle
Rangés en ligne, ils attendent une marelle
Qui ne viendra jamais, jamais sur la terre
Qui n’apprendra pas aux enfants à être frères
Il l’a prise sur lui, dans ce sac si blanc, si blanc
Il murmure son regret, son remords, son repentir
Il lui parle d’amour presque jusqu’à en mourir
Nayla, sa jolie fille, longue de ses huit ans…
Ils seront placés ainsi dans le chemin
Nayla, sa fille, longue de ses huit ans
Sera comme eux enfoui dans ce temps
Qui étrangement accorde aux humains
De répondre par mille et un bombardements
Aux blessures d’orgueil et de fierté des plus grands
Qui n’enverront jamais leur progéniture
Dans une maternelle victime des blessures
Des tous-petits, de Nayla, des parents,
Il entend les chefs parler de se défendre
Mais quelle défense fait-on avec le sang?
Comment voit-on les familles se répandre
Sans se souvenir des autres naguère
Toutes semblables aux fleurs du Liban
Vivons-nous encore la Grande Guerre
Comment donc se libérer en aimant?
Il l’a prise sur lui, dans ce sac si blanc, si blanc
Il murmure son regret, son remords, son repentir
Il lui parle d’amour presque jusqu’à en mourir
Nayla, sa jolie fille, longue de ses huit ans…
Les roches forment un curieux abri.
Blanches et grises, elles étaient pourtant jolies
Quand ordonnées, elles s’élevaient en maisons
Hassan le redit sans cesse en chanson…