MAGNIFIQUE

Bonne fête à mes sœurs du monde, à l’occasion de la Journée internationale de lutte des femmes, pour l’égalité des droits.

Je me tiens sur pieds pour me souvenir. Les discriminations t’ont fréquemment vue courbée, comme chaque manque d’égalité : salaires inégaux, violence et meurtres, sous représentations, assassinats, prostitution et viols.

On te mutile le sexe et l’âme alors que tu braves les menaces pour préserver la chair des toutes petites qui viendront après toi. Tu te fais héroïne.

Nous sommes magnifiques.

La pauvreté a bien souvent été ton lot et tu t’endommageais les mains, le corps et le cœur à prendre soin des tiens tout en te faisant dire publiquement que tu ne valais rien. L’insécurité alimentaire, et ta dépendance monétaire à l’égard des hommes t’ont maintes fois fait frémir. Ton travail pourtant a changé le monde au courant des siècles.

Nous sommes magnifiques.

Nous sommes magnifiques parce que tu l’as été même au tout début de l’humanité. Tu as nourri, bercé, aimé. Tu as changé le monde par la formation de ton lignage, grossissant en ton ventre et reprenant ton sexe encore et encore, sans entendre les formulations publiques et persistantes de cette certitude de ton inégalité ou de ta petitesse.

Tu n’as pas pu contribuer aux prises de décisions de ton pays parce que tu n’es pas bien considérée par lui. A-t-il jamais su analyser ton action ?

Nous sommes magnifiques.

Tu as été jeune fille, mère, esclave, servante, migrante, réfugiée, oubliée, condamnée. Même ton Église te diminue mais n’es-tu pas aussi à l’image de Dieue? Tu es pasteure, tu es prophète, tu es celle qui transmet le pain et la parole. Le Pain et la Parole.

À travers l’Histoire, tu as fait grandir celle qui venait après toi. En certains milieux, tu demeures toujours blessée. La route résiste et les cailloux y sont présents. Tu reviens de loin.

Tu arriveras.

Femme.

Tu es magnifique. Forte et magnifique.

En ton nom, je tiens le flambeau.

Je le remettrai à ma fille.

En ton nom.