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LE CGPS CARBURANT À L’AMOUR

LE CGPS CARBURANT À L’AMOUR

Je me recharge actuellement, je m’actualise ou me modifie.

Je n’ai pas de sens d’orientation, mes emplacements sont simples : je carbure à l’amour et je vais donc où il en manque. Je suis un système mondial de compassiocalisation par satellite humanitaire.

Je me dirige vers Gaza et la Syrie, les enfants traumatisés si nombreux dépassent mes capacités normales. Mes mécanismes fonctionnent à toute vitesse : parler d’eux, être là près d’eux, les soigner, les écouter. Combien d’humains cela prend-il?

Les innombrables conflits mondiaux font des enfants, les premières victimes innocentes… Me promettant de revenir, je repars vers Haïti où des petits souffrent de malnutrition, je cours ensuite vers l’Ouganda, le Burundi, Ghana, le Cambodge, le Niger… Voyons, ne vivons-nous pas en un siècle où il est facile de trop manger, où il y a trop à choisir, où il y a si souvent suralimentation?

Mon récepteur m’indique l’existence d’enfants soldat, la présence de jeunes esclaves sexuels, de handicapés de guerre, de tout-petits isolés. L’aiguille de ma compassion tremble et mes engins virent au rouge.

Ils étouffent presque carrément lorsque j’arrive dans mon pays : j’y rencontre mêlés la violence domestique, la victimisation à l’école, la détresse psychologique, le faible soutien familial, la consommation d’alcool et l’abus de drogues.

Mon protocole de navigation coule franchement. Mon système de compassiocalisation laisse suinter un liquide rougeâtre. Je n’ose penser qu’il prend sa source dans mon appareil d’humanité. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas assez d’amour en moi pour réparer les failles humanoïdes. Le dérangement de mon appareil se généralise et je me sens trembler, vaciller. Je me crois sur le point de m’éteindre et je tente brièvement de penser à ma finalité avant qu’elle n’arrive brusquement.

Mes frémissements augmentent et à l’improviste, les secousses brutales déplacent d’une fente de mon corps un papier oublié qui virevolte et tombe sur le sol.

En fixant mes yeux sur lui je m’apaise légèrement, me souvenant qu’un humain me l’avait écrit :

Ne pas les aider est un crime. Si on ne secourt pas

une personne dont la vie est menacée on peut être accusé

de non-assistance à personne en danger de mort. Il devrait

exister une loi semblable à l’ONU qui obligerait tous les pays à

s’entraider en cas de guerre civile ou de génocide sous peine de

sévères sanctions. Le chauvinisme et l’égoïsme sont des luxes

que notre époque lourdement menacée par les guerres et le

réchauffement climatique ne peut plus se permettre.[1]

 

Mon dispositif imitant la vie peut s’éteindre. Je n’avais pas la tâche de remplacer l’humain, juste celle de l’observateur. Heureusement pour moi, c’est fini. Je souhaite que mon métal serve désormais à confectionner une automobile ou une simple tablette mais certainement pas un CGPS! Les humains n’ont pas encore compris que le seul moyen pour eux de vivre est d’aimer!

Mieux vaut attendre encore quelques siècles!

 

 

[1] Stéphane Brulotte, acteur, auteur et metteur en scène

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