LE CHEVAL
Il y a très longtemps, comme disent les contes
La vie me racontait les journées qu’on affronte
Pour l’apprendre par cœur à s’en briser le cœur
Pour l’apprendre d’un coup à en devenir… doux
Tout près de ma maison se tenait un cheval
Pour l’enfant que j’étais c’est l’ami idéal
O ma joie et la sienne quand à chaque matin
Je courais le rejoindre une pomme à la main
Il savait mon approche et m’appelait gaiement
Je devinais ses yeux à chaque mouvement
Mon cheval, mon cheval et j’apprends ton sourire
L’affection à six ans on doit se le redire
Un jour qu’il saluait de son gémissement
Ma venue du matin et mon souffle d’enfant
Un bruit a déchiré soudain notre environ
Mon cœur seul a bondi près de mon compagnon
Il est parti sans moi, la peur portant ses pas
La voiture qu’il tirait volant en mille bois
Mon ami, son harnais pareillement brisés
Tellement loin de moi et de mon amitié
Et je suis resté là serrant toujours ma pomme
A fixer mon ami maîtrisé par les hommes
Qui n’avaient pas pour lui de ces liens de six ans
Qu’on croit pouvoir durer au-delà de tout temps
Il y a très longtemps, comme disent les contes
La vie me racontait les journées qu’on affronte
Pour l’apprendre par cœur à s’en briser le cœur
Pour l’apprendre d’un coup à en devenir… doux
Ils ont pris le cheval tremblant et les yeux fous
L’ont guidé fermement loin, je ne savais où
Même maintenant je sais que je portais en moi
Tout ce dont il fallait pour lui donner la joie
Il y a très longtemps, comme disent les contes
Mon cheval est parti je ne l’ai plus revu
La vie me racontait les journées qu’on affronte
Et moi j’avais pour lui… ô mais s’il l’avait su…
Image par jean-pierre duretz de Pixabay