L’achat responsable = Solidarité envers les enfants travailleurs
Je me pose beaucoup de questions ces jours-ci. Plusieurs d’entre elles ont trait à mes achats:
- les compagnies fabriquant mes acquisitions ont-elles à cœur les droits des travailleurs qu’elles emploient?
- les normes sociales qu’elles utilisent sont-elles basées sur les droits fondamentaux ?
- y a-t-il dans ces entreprises des normes environnementales minimales; des mécanismes de monitoring et de vérification, incluant la mise en place de mesures correctives?
- ces établissements possèdent-elles une obligation de transparence de la part des entreprises et des fournisseurs, notamment par la publication de rapports annuels et la divulgation publique des lieux de fabrication?
Penser d’abord aux droits fondamentaux du travail, aux droits humains, ainsi qu’à des normes environnementales peut-il être inné à chaque consommateur?
Un achat responsable consiste à intégrer des critères environnementaux, sociaux et économiques aux processus d’achat des biens et services, comme moyen de réduire l’impact sur l’environnement, d’augmenter les bénéfices sociaux et de renforcer la durabilité économique des organisations, tout au long du cycle de vie des produits.
Dans La Presse du 12 juin dernier, un titre m’a attirée: Des Canadiens paient des milliards pour des articles fabriqués par des enfants.
Comme adulte vivant quotidiennement entouré d’enfants, comment pouvons-nous supporter que certains d’entre eux bien qu’habitant à l’autre bout du monde, peuvent être abusés, travaillant comme esclaves, dans des situations inhumaines et durant des journées entières, à faire de la brique, à œuvrer dans des champs, à faire de la couture à en perdre la vue, etc. etc. etc.
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Au fond de lui, le garçon est au courant depuis longtemps que le système de servitude qui oblige sa famille à travailler autant et qui repose sur l’endettement de cette dernière, a fait de lui et des siens des esclaves, et qu’aucun remède ne peut changer cela.
Son cœur bat si fort que la poitrine lui fait mal. Les images qu’il voit s’embrouillent et il est saisi de tremblements. D’abord quelques soubresauts. Ensuite, cela devient irrépressible. Il a peine à respirer et se sent étouffé très vite. La sueur sur son front l’effraie à chaque fois. Il la sent glisser sur lui tandis que son souffle prend une forme irrégulière; les nausées le prennent très vite et il tousse, croyant qu’il va vomir… La tête lui tourne, il a mal partout et sa colonne crispée empire cette sensation d’étouffement. Ses membres s’engourdissent et ses mains picotent. Il a peur, terriblement peur. Sa poitrine serrée lui fait mal.
Sa frayeur grandit, prend toute la place dans son maigre thorax. Plus il la devine en lui, plus il se sent oppressé. Elle s’élève comme un monstre. Gigantesque.
Il appréhende mourir là, tout seul dans sa maison qui n’en est pas une, qui n’en sera jamais une… Mourir, partir pour un ailleurs qu’il ne connait pas, où la guerre peut-être est encore pire pour les garçons de huit ans qui ne savent que faire des briques. Jusqu’à en mourir.
Extrait de : « LES PIERRES PARLERONT DE TOI, chronique humaine d’une violence inhumaine »
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Par Rita Amabili-Rivet
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