Avec un peu d’imagination…
Ce matin-là, aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples hommes et femmes, allèrent avec Micheline, à la maison de Ginette et Yvon. Or, leur cousine syrienne était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux d’Alep qui étaient atteints de violence et de guerre, possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : «Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : «Allons ailleurs, dans les pays voisins, afin que là aussi je proclame la Foi ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
(Adaptation de Marc 1, 29-39)
Je suis là au milieu de cette foule. Vous y êtes avec moi. Je ne me serais jamais promenée toute seule en plein hiver sur cette planète en guerre. Je ne peux pas, je suis asthmatique. Vous vous imaginez, dormir dehors sans médicaments, sans assistance, sans un temps limite à cette situation horrible?
Ah, vous ne pouvez pas marcher seul, vous avez un handicap? Ceux qui vivent au quotidien dans cette foule incroyable, affamée, gelée… oubliée; ceux qui n’ont plus de maison, d’avenir sont-ils également asthmatiques, handicapés, démunis, indigents, misérables, sans foyer?
Vous avez entendu dire que Jésus est là? Pas celui qui porte une couronne royale avec des pierres précieuses, pas l’artificiel, le tout-puissant arborant un sourire aussi fade qu’éternel et immobile, non l’autre, plus semblable à nous, pauvre, pauvre et aimant. Jésus présent inlassablement, Jésus-Amour, éternel amour.
Il est là, avec ses amis proches. La cousine va beaucoup mieux, il l’a fait lever et elle les suit. Autour de lui, un fourmillement de personnes emplit l’espace. Vous aimeriez aller vers Jésus mais vous êtes réticent. Vous vous reprochez votre séparation, la révolte de votre enfant, la dispute avec votre collègue. Vous vous sermonnez aussi sur votre négligence à l’endroit de cette multitude victime de la guerre alors que vous faites partie du même pays et de la même humanité.
Vos yeux se dirigent vers Jésus et sans le vouloir, vos regards se croisent.
Le temps s’arrête.
Vous vous sentez aimé. Reconnu. Vous pressentez votre unicité, votre importance peut-être pour la première fois de votre existence mais curieusement vous avez la conviction de faire partie de cette population au milieu de laquelle vous êtes soudainement arrivé.
Où vous aviez vu Jésus, l’homme, vous distinguez simplement de l’amour. De l’amour sans réserve, coulant naturellement.
Vous jetez un coup d’œil à vos mains. Elles sont prêtes à s’impliquer, à pétrir, à repousser les fièvres, les guerres, les injustices; à aimer et bien sûr à vous aimer.
***
Lorsque vous ouvrez les yeux, une sensation de bien-être vous envahi. Votre méditation terminée, vous reprenez… la vie ?
La Vie.
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Photo du merveilleux photographe nigérien Starnlyi