LUCIA
J’ai vu tes yeux traqués et je me suis souvenue
De ce qu’ils étaient avant ô mais t’en souviens-tu ?
Oui, je voudrais oublier que ces deux personnes
Sont aussi l’enfant qui dans mon passé fredonne
Une chanson qui n’a de sens que dans le monde
D’une poupée tournant sans cesse à la ronde…
Ta réalité gît à tes pieds Lucia
Tu m’entraînes jusqu’à piler sur le tas
Je me crispe au bord d’un précipice glacé
Et j’entends ta voix qui ne s’est jamais arrêtée
Une chanson qui n’a de sens que dans le monde
D’une poupée tournant sans cesse à la ronde…
Je repense à tes foulards parfumés, colorés,
Tes parapluies, tes hauts talons et tes cheveux noirs
Maintenant striés de blanc, sales : ceux d’un vieillard
Qui parlerait à s’étourdir et jusqu’à hurler :
Une chanson qui n’a de sens que dans le monde
D’une poupée tournant sans cesse à la ronde…
Regardes Lucia, ces gens veulent t’aider
J’ai mis mon cœur, ma foi, laisses-moi te bercer
Vous êtes si nombreux à n’avoir plus de fil
Et la peur dans vos yeux, vous garde en exil
L’itinérance n’est-elle qu’une rose coupée
Gisant hors de son eau après la nuit tombée
Et si je la reprends pour la porter au puits
Sera-t-elle mal-aimée, incomprise, sans vie ?
L’itinérance n’est-elle qu’une plaie de famille
Abandonnée alors que la société maquille
Dans ses grands airs si pressée à en perdre le souffle
D’un cœur qui bat, tandis que le corps entier s’essouffle.
L’itinérance peut être ce que tu étais enfant
Tu avais peur que le tuyau du bain ne t’absorbe
Moi, plus petite, je te tenais très fort en priant
Je prie toujours pour que cette peur enfin se résorbe
J’étais la plus jeune, tu étais la troisième
Ma sœur, ma sœur entends-tu à quel point je t’aime ?
L’itinérance n’est-elle qu’une rose coupée
Et si ce soir je me couchais à son côté ?