19 AOÛT 2013
19 août 2013
En ce retour de vacances, je recommence mon BLOG.
Je choisis de reprendre cette habitude qui n’en est pas vraiment une, débutant tout d’abord par une poésie que je vous partage avant d’y ajouter ma prose contenant mes réflexions actuelles sur les migrations mondiales…
SEBAHATA
Sebahata, sur la photo tu sembles désespérée
Tu n’as pas pris part aux parlementions d’avant-guerre
Car tu t’occupais à donner le sein à ton nouveau-né
Très mal appuyée comme des milliers d’autres aux pierres
Sebahata connais-tu une berceuse pour ton enfant
Qui raconte que les hommes du prochain millénaire
N’auront plus à effacer que les terribles frontières
Qui empêchent l’amour du monde et font hurler les printemps
Sebahata, tes longs cheveux sont sales et tes mains abîmées
A peine survivante, sans gémissement sans larme
Tu t’accroches de toute ton âme à ce petit bébé
Qui demain continuera ton peuple meurtri par les armes
Sebahata connais-tu une berceuse pour ton enfant
Qui raconte que les hommes du prochain millénaire
N’auront plus à effacer que les terribles frontières
Qui empêchent l’amour du monde et font hurler les printemps
Tu dormiras à la belle étoile, réfugiée sans nom
Ombre perdue parmi ceux que l’on veut effacer.
Dans ta mémoire, tu portes celui que l’on a tué
Et qui hier encore murmurait ton prénom
Sebahata connais-tu une berceuse pour ton enfant
Qui raconte que les hommes du prochain millénaire
N’auront plus à effacer que les terribles frontières
Qui empêchent l’amour du monde et font hurler les printemps
Sebahata, de mon pays s’ouvrent mille bras
Pour porter à tous les tiens l’espoir à la goutte
De si loin bien sûr nous pouvons faire la route
Qui relie ensemble tous les humains à la fois
Sebahata connais-tu une berceuse pour ton enfant
Qui raconte que les hommes du prochain millénaire
Feront tous chaîne humaine pour remplacer les frontières
Finalement par l’amour du monde par cent mille printemps
Le poème de Sebahata a été créé lors de l’effroyable guerre de Bosnie. Une photo dans un journal avait montré une toute jeune femme démunie, déportée. Elle serrait son enfant dans ses bras et n’avait aucune expression sur son beau visage.
J’avais longtemps regardé l’image… Son obscurité voilait les détails pour ne laisser à l’observatrice que j’étais, que la possibilité de deviner le désarroi, le manque d’expectative, l’attente passive parce que teintée de désespérance…
Cette toute jeune adulte représentait l’impuissance et la détresse de tous les parents du monde victimes de conflits qui ne les regardent pas vraiment, mais dont ils font les frais.
Je n’ai conservé ni l’article, ni le cliché de cet être humain semblable à des centaines de milliers d’autres. Cette jeune mère est pourtant encore présente à mon esprit. Elle s’ajoute aux autres représentations humaines de déportés : vieillards usés et frêles trébuchant maladroitement, jeunes filles mal vêtues aux longs bras décharnés, petits garçons à l’œil glauque et aux sourcils froncés, gamins et gamines trottinant, affamés, inconscients d’un drame de grandes personnes où leurs parents n’ont aucune voix.
Ils cherchent tous un asile, un toit, une maison.
Et l’on parle tellement d’eux depuis tant d’années qu’ils deviennent presqu’une réalité ordinaire pour nous, un fait divers, une habitude. Notre œil passe devant l’article, le reportage et retourne doucement à une réalité peu facile, la nôtre, celle de notre propre quotidien.
Vous avez entendu l’histoire du pays dit riche, mais vivant une crise, qui se voit assailli par un flot humain rêvant de s’établir sur des terres que les ressortissants eux-mêmes n’arrivent plus à faire produire.
Et celle des soixante-quatre clandestins secourus à la dernière minute?
Et celles nombreuses de migrants clandestins, êtres humains traités en groupes, comme autant de troupeaux inutiles.
Un jour, j’ai dû animer dans une classe de Montréal en 4e année du primaire, dont les enfants avaient une seule caractéristique commune : celle de n’être pas nés en terre québécoise. Je devais les assister afin qu’ils choisissent un animal et qu’ils inventent une histoire dont leur mascotte serait le héros. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et ils m’ont dit comment ils imaginaient leur conte. J’écrivais et ils me corrigeaient lorsque je déviais involontairement de ce qu’ils concevaient.
J’ai eu plusieurs difficultés. Parfois je comprenais mal leur accent; occasionnellement ils étaient gênés et je devais leur soutirer mot par mot leurs pensées; il arrivait qu’ils soient si volubiles que je n’arrivais plus à saisir les idées lancées vivement les unes après les autres; à certains moments, ils se chamaillaient, se taquinaient, se présentaient les uns les autres afin que je ne les oublie pas.
Ils étaient des enfants ressemblant en tout point aux autres gars et filles des classes voisines.
Et je n’ai pas perdu leur souvenir.
Nous avons écrit ensemble « Chispa, le panda à la vanille »[1] et j’ai réellement vu des étoiles briller dans leurs yeux lorsque je leur ai dit qu’ils avaient inventé cette nouvelle avec moi : nous étions co-auteurs.
L’émigration est un vaste sujet qui me tient à cœur par mon histoire familiale. Je vous en reparlerai probablement au cours de mes compositions à venir.
J’aimerais terminer ce propos par trois versets du premier chapitre du Livre de Ruth.
Ruth, une jeune étrangère dont le nom signifie compassion, est une figure attachante qui démontre fidélité et générosité. Après la mort de son beau-père et de son mari, elle s’attache à sa belle-mère au lieu de rejoindre ses compatriotes. Elle ramasse des épis tombés pour sa belle-mère. Les deux femmes, l’étrangère et la native du pays, échappent ainsi à la pauvreté et s’entraident jusqu’à se faire une place enviable auprès d’un riche propriétaire terrien.
Noémi dit à Ruth: «Regarde, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et son dieu. Fais comme elle, retourne chez toi.» Mais Ruth répondit: «N’insiste pas pour que je t’abandonne et que je retourne chez moi. Là où tu iras, j’irai; là où tu t’installeras, je m’installerai. Ton peuple sera mon peuple; ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et c’est là que je serai enterrée. Que le Seigneur m’inflige la plus terrible des punitions si ce n’est pas la mort seule qui me sépare de toi!» (Ruth 1,15-17)
19 agosto 2013
Al ritorno dalle vacanze, ricomincio il mio BLOG.
Scelgo di riprendere questa abitudine, che non è veramente tale, cominciando prima di tutto con una poesia che spartisco con voi prima di aggiungere un testo che contiene le mie riflessioni attuali sulle migrazioni mondiali …
SEBAHATA
Sebahata, sulla foto sembri disperata
non hai preso parte alle discussioni di prima della guerra
perché stavi allattando il tuo bimbo appena nato
male appoggiata come migliaia di altre alle pietre
Sebahata, sai per il tuo bimbo una ninnananna
che racconti che gli uomini del prossimo millennio
non dovranno eliminare che le terribili frontiere
che impediscono l’amore del mondo e fanno urlare le primavere ?
Sebahata, i tuoi lunghi capelli sono sporchi e le tue mani sciupate
a stento sopravvissuta, senza gemiti né lacrime
ti aggrappi con tutta l’anima a questo piccolino
che domani continuerà il tuo popolo straziato dalle armi
Sebahata, sai per il tuo bimbo una ninnananna
che racconti che gli uomini del prossimo millennio
non dovranno eliminare che le terribili frontiere
che impediscono l’amore del mondo e fanno urlare le primavere ?
dormirai sotto le stelle, rifugiata senza nome
ombra dispersa tra quelle che si vogliono cancellare.
Nella memoria porti colui che hanno ammazzato
e che ieri ancora sussurrava il tuo nome
Sebahata, sai per il tuo bimbo una ninnananna
che racconti che gli uomini del prossimo millennio
non dovranno eliminare che le terribili frontiere
che impediscono l’amore del mondo e fanno urlare le primavere ?
Sebahata, dal mio paese si aprono mille braccia
per portare a tutti i tuoi una goccia di speranza
da tanto lontano di sicuro possiamo costruire la strada
che riporta insieme tutte le genti del mondo
Sebahata, sai per il tuo bimbo una ninnananna
che racconti che gli uomini del prossimo millennio
non dovranno eliminare che le terribili frontiere
che impediscono l’amore e fanno urlare le primavere ?
La poesia di Sebahata è stata creata al momento della spaventosa guerra di Bosnia. Una foto in un giornale aveva mostrato una giovanissima donna privata di tutto, deportata. Teneva tra le braccia suo figlio e non aveva alcuna espressione sul suo bel viso.
Avevo guardato l’immagine a lungo … La sua mancanza di chiarezza velava i dettagli per non lasciare all’osservatrice che io ero se non la possibilità di indovinare lo smarrimento, la mancanza di aspettative, l’attesa passiva perché colorata leggermente di disperazione …
Questa giovanissima donna rappresentava l’impotenza e lo sconforto di tutti i genitori del mondo vittime di conflitti che non li riguardano direttamente, ma di cui fanno le spese.
Non ho conservato né l’articolo né l’immagine di questo essere umano simile a centinaia di migliaia di altri. Questa giovane madre è tuttavia ancora presente nel mio spirito. Essa si aggiunge alle altre immagini umane di deportati : anziani consunti e fragili che inciampano maldestramente, giovinette mal vestite dalle lunghe braccia scarne, ragazzini dagli occhi cerulei e dalle sopracciglia aggrottate, bambinetti che trotterellano, affamati, ignari di un dramma di adulti in cui i loro genitori non hanno voce in capitolo.
Cercano tutti un rifugio, un tetto, una casa.
Si parla talmente di loro da tanti anni che sono diventati quasi una realtà comune per noi, un fatto di cronaca, un’abitudine. Il nostro sguardo passa sull’articolo, sulla cronaca, e torna pian piano a una realtà poco facile, la nostra, quella del nostro vivere quotidiano.
Avete sentito parlare della storia di quel paese ricco ma che sta vivendo una crisi, che si vede assalito da un fiotto umano che sogna di stabilirsi su terre che gli stessi cittadini non riescono più a far produrre.
E quella dei sessantaquattro clandestini soccorsi all’ultimo minuto?
E quelle numerose di emigranti clandestini, esseri umani considerati in gruppo, come altrettanti greggi inutili.
Un giorno ho dovuto fare animazione in una quarta elementare di Montreal, in cui gli allievi avevano in comune una sola caratteristica : quella di non essere nati in terra quebecchese. Dovevo assisterli perché scegliessero un animale e inventassero una storia di cui la loro mascotte fosse il protagonista. Ci siamo incontrati parecchie volte e mi hanno detto come immaginavano la loro storia. Io scrivevo, e loro mi correggevano quando deviavo involontariamente da ciò che volevano dire.
Ho avuto parecchie difficoltà. A volte non capivo bene il loro accento ; occasionalmente erano imbarazzati e dovevo tirargli fuori una parola alla volta ciò che pensavano ; accadeva che fossero così volubili che non riuscivo più ad afferrare le idee lanciate vivacemente le une dopo le altre ; in certi momenti litigavano, si punzecchiavano, si presentavano a vicenda affinché non li dimenticassi.
Erano bambini simili in tutto agli altri ragazzi e ragazze delle classi vicine.
Non li ho dimenticati.
Abbiamo scritto insieme « Chispa, il panda alla vaniglia »[i] e ho visto davvero brillare le stelle nei loro occhi quando ho detto loro che avevano inventato quel racconto con me : ne eravamo i co-autori.
L’emigrazione è un vasto argomento che mi sta a cuore, a causa della mia storia familiare. Ve ne parlerò probabilmente nel corso dei miei prossimi interventi.
Vorrei terminare con tre versetti del primo capitolo del Libro di Ruth.
Ruth, una giovane straniera il cui nome significa compassione, è un personaggio avvincente che mostra fedeltà e generosità. Dopo la morte del suocero e del marito si lega alla suocera invece di raggiungere i suoi compatrioti. Raccoglie delle spighe cadute per la suocera. Le due donne, la straniera e la donna nata nel paese sfuggono così alla povertà e si aiutano al punto da farsi un posto invidiabile presso un ricco proprietario terriero.
Noemi disse a Ruth : « Guarda, tua cognata è tornata al suo popolo e al suo dio. Fa’ come lei, torna dai tuoi. » Ma Ruth rispose : « Non insistere perché io ti abbandoni e ritorni dai miei. Là dove tu andrai, io andrò; là dove ti fermerai, io mi fermerò. Il tuo popolo sarà il mio popolo; il tuo Dio sarà il mio Dio. Là dove morirai, io morirò, e sarà là che sarò sepolta. Che il Signore m’infligga la più terribile delle punizioni se non è la sola morte che mi separerà da
[1] NOUVELLE DANS « UN ANIMAL ? GÉNIAL !, COLLECTIF AEQJ- PCG1, MONTRÉAL, 2011, 232 PAGES.