
Journée internationale de la paix, 21 septembre
Oh là là, quel anniversaire que celui de la paix! Elle est dédiée particulièrement à l’absence de guerre, qui doit se manifester par un cessez-le-feu dans les zones de combat, dit-on dans Wikipédia.
À quoi a servi un cessez-le-feu lorsqu’il est terminé et que le soldat retourne à son arme, si d’aventure il a d’abord respecté l’interruption?
Vous avez lu les grands titres en ce jour festif? En voici deux que j’ai pris dans La Presse:
- Deux ambulances bombardées en Syrie.
- Égypte: le naufrage d’un bateau de migrants fait 29 morts.
Il y a de nombreuses années, j’étais infirmière. Sur mon département, il y avait une vieille dame inconsciente. Quelqu’un avait mis près d’elle la photo ancienne d’un militaire dans la fleur de l’âge. Il était beau. Nous savions tous qu’elle l’avait aimé. Chaque fois que j’entrais dans sa chambre, je cherchais du regard le jeune homme figé dans son cadre. J’imaginais le rendez-vous manqué, l’amour horrifié par le départ, l’attente, la mort, le désespoir.
C’est la vie me direz-vous. C’est également un autre regard sur la paix. Celle-ci explique cela. Non, tente d’expliquer, de justifier.
Au jardin de paix des Nations Unies, se trouvent une cloche de paix, des lauréats du Prix Nobel de paix et des Messagers de paix.
Sur notre terre malheureusement, il y a le son de la guerre, des despotes souverains de leur peuple et des vendeurs d’armes. Incidemment mon pays, qui se présente régulièrement comme un phare en matière de droits de la personne sur la planète[1]. La réalité est que plus de la moitié des exportations canadiennes de matériel de guerre sont dirigées vers des pays au respect douteux des droits de l’homme[2] par exemple vers l’Arabie Saoudite. Ces exportateurs ont-ils entendu parler de Raif Badaoui et des autres vivant le même cauchemar? Ont-ils eu vent de la Somalie, du Soudan ou du Nigéria ?
Nous pourrons bien célébrer la paix année après année mais je ne crois pas que cela fasse changer le monde. En cette Journée de la paix qui laisse au cœur l’amertume d’un échec sans cesse recommencé, je souhaite de toute mon âme que nous célébrions la Compassion.
Ce mot venant du latin : cum patior, « je souffre avec », et du grec « sympathie » peut véritablement changer la face de la terre s’il est bien saisi.
Il n’existe pas de jardin ni de cloche de compassion mais ce sentiment existant à l’intérieur de nous, ne demande qu’à croître… Il s’y épanouit souvent déjà, mais nous pourrions augmenter sa popularité en conscientisant notre agir et nos paroles quotidiennes.
Lorsqu’elle atteindra la notoriété, il ne restera plus qu’à la distribuer, la partager, la fractionner afin qu’elle existe partout et pour chacun.
Quant à la paix, je la souhaiterais et l’offrirais à mon amie syrienne Leila. Elle en connaît véritablement l’essence puisqu’elle travaille à la faire voyager jusqu’à son pays d’origine où l’on mérite de devenir lauréat.
La paix là-bas, on la ramasse en miettes.
[1] CASTONGUAY, Alex, Le Canada a vendu pour 850 millions $ d’armes à des régimes répressifs, revue L’Actualité, 21 Avr. 2016.
[2] Idem