ÉMIGRER, AUJOURD’HUI COMME HIER/ EMIGRARE, OGGI COM’IERI
ÉMIGRER, AUJOURD’HUI COMME HIER/
Il fait terriblement chaud. L’attente, compagne indésirée des voyageurs, se fait triste et longue sur le pont du Presidente Wilson où ils ont été réunis. Ils sont arrivés au Canada, mais aucun des passagers de troisième classe n’a encore mis le pied sur ce sol dont tous ont tant rêvé. Dans un instant de fatigue profonde, Guido se dit qu’ils n’arriveront jamais vraiment à destination.
Il pense avec une formidable intensité que l’audace et la témérité de l’immigration n’a d’égale que la folie de certains rêves humains. Il revoit la prairie marchigiana, les alentours familiers qui ont formé son cadre familier depuis toujours, et une immense tristesse l’envahi. Le pénible voyage est loin d’être terminé et les nouveaux départs, à la lumière de son extraordinaire épuisement, prennent figure de montagnes démesurées, impossibles à franchir. À cet instant précis, il aurait envie de retrouver son lit familier à Offida. En fait, il donnerait tout ce qu’il possède pour pouvoir s’étendre sur sa couche à lui, douillette et habituelle. Et dormir.
Extrait de GUIDO LE ROMAN D’UN IMMIGRANT, Page 165
EMIGRARE, OGGI COM’IERI
Fa un gran caldo. L’attesa, compagna indesiderata dei viaggiatori, si fa triste e lunga sul ponte della Presidente Wilson, dove sono tutti riuniti. Sono arrivati in Canada, ma nessuno dei passeggeri della terza classe ha ancora messo piede sul suolo tanto sognato. In un istante di profonda fatica, Guido si dice che non arriveranno mai a destinazione.
Con grande intensità pensa che l’audacia e la temerarietà dell’immigrazione non ha uguali se non nella follia di certi sogni umani. Rivede la prateria marchigiana, i dintorni familiari che hanno inquadrato la sua vita da sempre, e una immensa tristezza lo invade. Il viaggio penoso è lontano dall’essere finito, e le nuove partenze alla luce del suo straordinario sfinimento prendono l’aspetto di montagne smisurate, impossibili da superare. In quel preciso momento vorrebbe trovarsi nel suo letto ben conosciuto di Offida; darebbe, infatti, tutto ciò che possiede
per potersi stendercisi, morbido e conosciuto. E dormire.
Estratto di IN MIO FIGLIO VIVRAI PER SEMPRE, Page 167